L'investissement responsable se présente sous diverses facettes, et peut vouloir dire différentes choses. Le concept a considérablement évolué au cours de la dernière décennie. Une transition s'est opérée vers une pensée axée sur la durabilité, et les gestionnaires de portefeuille réagissent en proposant une gamme toujours plus vaste de solutions et d'approches de placement durable.

Il n'existe aucun classement universellement admis, et les facettes de l'investissement responsable et leurs définitions devraient continuer d'évoluer à mesure que le secteur des placements s'enrichira de nouvelles solutions et innovations. À l'heure actuelle, Placements mondiaux Sun Life classe les approches de placement déjà établies dans les catégories ci-dessous.

Voici un tableau qui présente les différents investissements responsables de Placements mondiaux Sun Life. On y définit et compare 6 approches de l’investissement responsable : Sélection éthique (valeurs), Intégration des facteurs ESG, Sélection négative des facteurs ESG, Sélection positive des facteurs ESG, Accent mis sur la durabilité et Accent mis sur l’impact. Générer un rendement concurrentiel est le principal objectif des 5 premières catégories. Pour les 2 dernières catégories (Accent mis sur la durabilité et sur l’impact), c’est l’impact social et environnemental qui est le principal objectif. L’investissement axé sur la durabilité a donc 2 principaux objectifs. Outre chacune de ces catégories, il est important de vérifier si un gestionnaire de portefeuille fait de la gestion active et communique avec les sous-conseillers ou les sociétés sous-jacentes pour influencer leur politique sur les facteurs ESG. Il faut aussi établir s’ils ont intégré un objectif zéro émission nette dans leur stratégie.

Sélection négative (désinvestissement)

Il existe essentiellement deux catégories de sélection négative :

  1. L’une des formes les plus anciennes de l’investissement responsable moderne est l’investissement socialement responsable (ISR) et éthique. L’ISR, dans sa forme la plus ancienne, suppose d’exclure et d’éliminer du portefeuille les entreprises ou les secteurs réputés non éthiques ou socialement injustes (« valeurs du vice ») sur la base de convictions, de valeurs ou de préférences partagées (ce qu’on appelle le désinvestissement).|

  2. Ces dernières années, dans un contexte d’ISR, des entreprises ont aussi été exclues en raison de préférences variées, notamment en raison de considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Par exemple, certaines entreprises peuvent être exclues en raison de leurs produits et/ou services (tabac, jeu), de leurs activités (exploration et/ou production de combustibles fossiles, charbon thermique) ou de leur conduite des affaires (violation des droits de la personne).

L’annexe 1 illustre l’évolution de la sélection négative au fil du temps.

Annexe 1 : Étapes importantes liées à l’utilisation de la sélection dans l’investissement responsable

1978 1971 Années 1980s 1985 1993 2006 2016 2018 2019

Le mouvement Quaker aux É.-U. interdit à ses membres de participer à la traite des esclaves.

Lancement du Fonds Pax World, le premier fonds commun de placement socialement responsable aux É.-U.

Désinvestissement généralisé de l'Afrique du Sud pour protester contre l'apartheid.

Lancement par Friends Provident, au R.-U., du premier fonds de placement sélectionné pour des raisons éthiques.

Placements de 625 G$ basés sur des critères d’exclusion

Lancement des PRI des Nations Unies

Norges Bank Investment Management commence à se désinvestir des entreprises associées à la production de charbon thermique.

Le California State Teachers’ Retirement System se désinvestit des exploitants de prisons privées aux É.-U.

La caisse de retraite française, ERAFP se désinvestit des sociétés de tabac.

Sélection positive

Par souci d’exhaustivité, il est impossible d’aborder les approches de sélection sans mentionner la sélection positive (décider qu’un placement est admissible) basée sur les critères ESG. La sélection positive suppose de sélectionner des entreprises dont le profil ESG est intéressant ou s’améliore, ou des entreprises qui répondent à des normes ou à des seuils bien précis. Parmi ces dernières, mentionnons les entreprises qui respectent les normes internationales en matière de droits de la personne, ou qui ont un impact ou des résultats nets positifs sur le plan sociétal et/ou environnemental.

Résumé des stratégies de désinvestissement

En résumé, les approches de sélection supposent généralement les types de sélection suivants :

  • Sélection fondée sur des valeurs : investir conformément à des valeurs et/ou des principes précis (p. ex. exclusion des entreprises associées aux armes militaires, au jeu ou à des pratiques ou normes commerciales néfastes).
  • Sélection axée sur le risque : investir en connaissant certains risques perçus et/ou systémiques (p. ex. exclusion des entreprises impliquées dans l’exploration et la production de combustibles fossiles, ou exclusion de pays ou d’entreprises en violation des droits de la personne).
  • Sélection en fonction de facteurs ESG : investir en reconnaissant les caractéristiques ESG positives (p. ex. les entreprises affichant un profil de durabilité positif comme des pratiques environnementales et de travail défavorables/favorables).

Engagement

Une solution de rechange au désinvestissement complet de secteurs ou catégories en particulier consiste à s’engager auprès d’entreprises qui ont pour but d’améliorer leur approche des considérations ESG. Contrairement à la sélection négative ou au désinvestissement, l’engagement compte sur l’actionnariat actif. Les Principes pour l’investissement responsable (PRI) définissent l’engagement comme une série d’interactions sur des enjeux ESG entre l’investisseur et les actuelles ou éventuelles entités émettrices (sociétés, gouvernements, municipalités, etc.). Des engagements sont pris pour influencer (ou décider s’il est nécessaire d’influencer) les pratiques ESG et/ou améliorer les communications en la matière.

Les activités d’engagement peuvent prendre différentes formes :

  • Engagement des actionnaires/obligataires
  • Vote par procuration
  • Efforts individuels ou collectifs (p. ex. initiatives de collaboration comme Climate Action 100+)

Il est essentiel d’entretenir un dialogue constructif sur les enjeux ESG pour promouvoir un système financier mondial qui offre à long terme des rendements ajustés au risque intéressants, ainsi que de meilleurs résultats durables. S’engager auprès d’entreprises clés (déterminées par leur taille, leur réseau de distribution mondial ou leur empreinte, leurs produits/services, leur thème, etc.) peut être une façon efficace de favoriser des changements significatifs et durables en modifiant – ou même en perturbant – certaines pratiques ou activités commerciales.

Les communications détaillées et transparentes sont la clé

Il est nécessaire d’encourager les résultats économiques concrets pour stabiliser notre conjoncture sociale et environnementale. Par exemple, encourager les entreprises à communiquer des renseignements complets, impartiaux, fiables et transparents fournit aux intervenants externes, notamment aux investisseurs, un ensemble élargi de renseignements utiles pour la prise de décisions. Une communication insuffisante des risques, des possibilités ainsi que des circonstances précises ou contextuelles peut entraîner des évaluations incomplètes ou inexactes et, par extension, des décisions de placement non optimales.

De plus, les entreprises peuvent être tenues davantage responsables si elles sont obligées de publier des données plus complètes sur des thèmes touchant leur capacité à favoriser la création ou la destruction de la valeur à long terme du capital attribuable aux actionnaires. Par exemple, elles devraient être encouragées à communiquer leur utilisation ou leurs réserves de combustibles fossiles, les actifs qu’elles ont délaissés et les questions sociales auxquelles elles s’intéressent comme la diversité, l’équité et l’inclusion, et les droits de la personne.

Les entreprises doivent évoluer au-delà de la communication

Travailler à obtenir de vrais résultats ne s’arrête pas à une communication de l’information adéquate. Aborder des questions fondamentales – des questions généralisées, mais ambitieuses – est une autre avenue importante. Il y a de nombreux exemples :

  • L’utilisation d’antibiotiques dans la chaîne d’approvisionnement
  • Les changements climatiques
  • Les plastiques à usage unique
  • Les activités souvent associées au travail des enfants (fermes de cacao, coton, exploitation minière)

Influencer les comportements d’entreprise à l’égard de ces questions cruciales peut entraîner des changements significatifs qui profiteront à plusieurs intervenants et à la société dans son ensemble.