Cet exemple montre comment les marges bénéficiaires ont pu monter au-dessus de leur niveau d’avant la pandémie malgré une forte inflation des coûts. De plus, l’inflation a permis une croissance du bénéfice nominal. Supposons que B vende le même nombre d’appareils à 110 $ que l’année précédente à 100 $. Le chiffre d’affaires de l’entreprise paraîtra avoir monté de 10 %, tandis que son bénéfice avant impôt semblera avoir augmenté de 22 % sur un an (24,40 $ contre 20 $). Et ce, même si la demande réelle pour les appareils n’a pas changé. On peut donc se demander si la croissance des bénéfices des derniers trimestres était à ce point résiliente ou si l’inflation faisait les chiffres de la demande.
Où en sommes-nous?
Près de trois ans après le début de la pandémie, les consommateurs canadiens affrontent une montée en flèche du coût de la vie, une baisse de la valeur des logements et des portefeuilles, ainsi qu’une plus grande précarité de l’emploi vu le risque croissant de récession. L’enquête auprès des consommateurs de la Banque du Canada montre qu’au troisième trimestre, 80 % des gens réagissaient à l’inflation en achetant moins, en recherchant les aubaines ou en limitant leurs achats au strict nécessaire. Voilà un obstacle important pour notre économie axée sur la consommation. On observe un affaiblissement semblable aux États-Unis, où le marché du travail est toutefois encore plus tendu qu’au Canada.
L’année 2022 a surtout été marquée par la hausse des taux d’intérêt qui a fait chuter les valorisations boursières. Ceci contrastait avec les deux années précédentes, durant lesquelles les marchés n’avaient d’autre choix que d’acheter des actions à multiples élevés, du fait de taux obligataires proches de zéro. L’an prochain, nous pensons que les investisseurs se concentreront sur les bénéfices, puisque les marges vont se normaliser en raison de l’impossibilité d’augmenter les prix pour compenser une plus faible demande des consommateurs. Les attentes de bénéfices de 2023 ont été révisées à la baisse à plusieurs reprises. Or, les prévisions consensuelles tablent encore sur une croissance de l’ordre de 7 % pour le S&P 500 et de 3 % pour le TSX. Ces estimations nous paraissent trop optimistes vu l’augmentation du risque de récession. Nous nous attendons donc à un risque de baisse accru. Toutefois, tout n’est pas sombre. Les bilans des sociétés restent solides. Les dirigeants des entreprises font preuve d’un optimisme prudent pour les deux prochains trimestres et les consommateurs ont encore des économies.
Risque de récession
Le risque de récession est élevé, mais ce n’est pas joué. S'il y a une récession, nous ne pensons pas qu’elle sera sévère. Nous profitons donc de l’occasion pour détenir des obligations à un taux attrayant et des actions de grande qualité présentant une valorisation raisonnable (sans être bon marché), tout en surveillant de près l’évolution de l’économie et des bénéfices des sociétés.