Hausse de l’inflation

La récente hausse de l’inflation semble avoir été stimulée par des facteurs temporaires liés à la réouverture de l’économie. Mentionnons la demande de voitures usagées, la reprise du transport aérien et la hausse des coûts des services de restauration, alors que les consommateurs ont recommencé à fréquenter les restaurants. La perturbation permanente des chaînes d’approvisionnement est un autre facteur défavorable. La pénurie mondiale de puces, provoquée par la forte hausse de la demande en semi-conducteurs, en est un exemple. Ces puces sont utilisées dans une vaste gamme de produits, comme les voitures, les consoles de jeux vidéo et les ordinateurs. Ces perturbations de l’approvisionnement vont se normaliser au fil du temps. Cependant, l’inflation pourrait demeurer élevée plus longtemps qu’anticipé, car la réouverture des commerces et services dans le monde ne se fait pas simultanément, surtout avec l’émergence de nouveaux variants.

Ce que cela signifie : L’inflation peut éroder le pouvoir d’achat à court terme, mais avec l’ouverture des chaînes d’approvisionnement et des économies, nous croyons que les facteurs inflationnistes liés à l’approvisionnement s’atténueront. La normalisation de la hausse immédiate de la demande à la réouverture pourrait aussi réduire les pressions inflationnistes.

Faibles rendements

Bien que les taux d’intérêt aient graduellement augmenté, nous nous attendons à ce que leurs niveaux demeurent bas par rapport aux niveaux historiques. Cela se traduit par des coûts de capitaux de placement et du service de la dette plus bas pour les consommateurs et les entreprises. Nous nous attendons à une hausse graduelle des rendements à compter de maintenant, alors que les banques centrales semblent encore accommodantes et qu’elles voient les pressions inflationnistes comme transitoires. Cependant, toute indication contraire, ou tout événement, comme la pauvre adjudication de titres du Trésor, pourrait entraîner la forte hausse des rendements et entraîner un dégagement des actifs risqués.

Lors du récent symposium de Jackson Hole, le président de la Réserve fédérale américaine (la Fed), Jerome Powell, a réaffirmé son double objectif de l’emploi maximum et de la stabilité des prix. Il a souligné que bien que le rythme de la reprise ait dépassé les attentes initiales – la production a dépassé les sommets des quatre derniers trimestres –, la reprise du marché de l’emploi a été à la traîne et s’est fait de manière inégale. Le secteur des services en personne, qui emploie des millions de travailleurs, continue à subir les pressions de la demande instable et de la pénurie de main-d’œuvre. Tout en annonçant que le temps est peut-être venu de commencer à réduire le programme d’achat d’actifs (assouplissement quantitatif), il a souligné que cette réduction n’indiquerait pas, ou n’entraînerait pas nécessairement de hausse des taux d’intérêt. Un changement des taux d’intérêt serait accompagné d’indicateurs plus rigoureux et substantiels d’un marché de l’emploi soutenu, se situant au niveau d’avant la pandémie. 

Le graphique à points (Graphique 1) du Federal Open Market Committee (FOMC) montre encore une base solide, et aucune hausse de taux n’est prévue d’ici la fin de 2023. Cependant, le mouvement haussier de plusieurs points sur l’axe indique jusqu’à deux hausses potentielles des taux d’intérêt en 2023. Au début de 2020, nous avions toutefois la forte conviction qu’il ne devrait pas y avoir de hausse avant 2024. La nouvelle politique monétaire de la Fed vise d’abord le plein emploi, puis un taux d’inflation de 2 % au cours du cycle. Le nouveau terme, flexible average inflation target (FAIT) ou cible d’inflation moyenne souple, offre à la Fed une marge de manœuvre importante pour répondre aux pressions inflationnistes à court terme.

Graphique 1 : Évolution des attentes sur le taux directeur de la Fed